Témoignage de la maman de Nathaël, 9 ans, TDAH et harcelé à l'école.
"Mon fils de 9 ans, a commencé à être harcelé en CE1. Tout s'est compliqué à son entrée en CP, car son maître de CP ne le supportait pas , il bougeait trop et était en difficulté. Il a été placardé au fond de la classe et le maître ne s'en occupait pas, prétextant qu'il n'avait pas de retard, simplement des problèmes de comportement (fin de CP, il ne savait toujours pas lire et tout ce qui touchait au devoirs scolaires provoquait des crises incontrôlables). Ici, les maltraitances ont commencé de la part du maître, punitions de récréations à répétition, quand il allait se plaindre qu'on l'embêtait, il se retrouvait puni lui, et pas les autres, car si on l'embêtait, c'est que forcément il avait cherché avant...
Un jour, un "copain" lui a dit de voler des stylos à une camarade ou il ne serait plus son copain. Mon fils l'a fait et a dû faire un mot d'excuse, ce que j'ai trouvé tout à fait normal; en parallèle, j'ai appris que son camarade a également eu une punition, qui était de recopier cette phrase "suis quelqu'un de bon tu deviendras bon, suis un lion tu apprendras à mordre" sous entendu qu'il devait arrêter de fréquenter mon fils car il avait une mauvaise influence sur lui, alors que mon fils avait bêtement fait ce que l'autre lui disait!
A la rentrée de CE1, je prends rdv avec la nouvelle maîtresse, qui me confirme qu'il a un gros retard, quand je lui dis que je vais faire des bilans orthophoniste et compagnie, elle me dit que son retard est due à son comportement. . S'enchaîne cette année-là différents bilans à mon initiative:orthophoniste, orthoptiste, neuropsychologue, psychomotricité... Qui tendent tous vers une suspicion de TDAH avec Top (Trouble Oppositionnel avec Provocation), qui sera confirmé par la suite par un pédopsychiatre à l'hôpital.
Elle lui faisait des remarques humiliantes en classe, du style "toi c'est mieux quand tu es pas là" ou encore "mais fais toi oublier" devant tous ses camarades de classe...
La maîtresse n'a jamais voulu l'entendre. Pour elle, il s'agissait d'un problème purement éducatif, car j'écoutais trop mon fils et pas assez l'école, que je le défendais trop... Tout au long de l'année, elle l'a également puni à répétition de récréation en connaissance de ses difficultés à tenir en place, elle ne le croyait pas quand il se plaignait, lui faisait des remarques humiliantes en classe du style "toi c'est mieux quand tu es pas là" ou encore "mais fais toi oublier" devant tous ses camarades de classe... Ou encore elle le punissait seul dans une classe pour qu'il travaille sans la déranger. Quand je lui demandais des comptes, elle le traitait de menteur alors que j'avais confirmation de certains camarades que je connaissais ou encore de sa cousine scolarisée avec lui. De là, un groupe de 5 élèves moteurs, accompagnés d'autres enfants plutôt suiveurs, se sont mis à frapper et insulter mon fils tous les jours, à tel point que mon fils a voulu changer sa façon de s'habiller car on le traitait d'homosexuel (de manière plus vulgaire évidement). Il parlait de suicide, ne voulait plus aller à l'école, puis tous les dimanches soirs, il vomissait. Au début, je pensais qu'il était malade; j ai fini par me rendre compte que c'était tous les dimanches soirs, et que c'était le stress de retourner à l'école le lendemain, il me faisait des crises à la maison de plus en plus fréquentes et violentes... Cette année-là, j'ai demandé une dérogation pour le changer d'école, sauf que la directrice et la maîtresse ont fait barrage sous-entendant que tout cela n'était que des mensonges, allant jusqu'à appeler la directrice de l'école demandée, lui dressant un mauvais portrait de mon fils et la dérogation a été refusée.
Rentrée en CE2, avec un maître ayant bonne réputation, j'ai eu espoir que cela s'arrange. En classe avec lui, tout se passait bien: il savait le prendre avec détente et humour, tout en ayant une bonne autorité, mon fils a beaucoup progressé. Malheureusement, dans la cour, le harcèlement de la part de ses camarades a continué: insultes, coups, humiliations (allant jusqu'à l'attendre à la sortie des WC, le jeter à terre et le rouer de coups à plusieurs), des menaces de le frapper à l'extérieur s'il se plaignait. Mon fils, qui avait peur, ne disait rien à l'école, mais je le voyais de plus en plus mal. Je suis donc allée moi-même parler au maître de la situation, qui m'a confirmé le harcèlement qu'il aurait lui même constaté. Je lui demande donc d'agir; mais le lendemain, après qu'il ait parlé avec la directrice, il a totalement changé de discours, se calquant sur le discours imposé par la directrice, que c'est mon fils qui cherchait et que son comportement faisait qu'il récoltait ce qu'il semait, en gros. De là, j'ai pris contact avec la cellule harcèlement qui a imposé la mise en place d'un protocole harcèlement. On a donc tous été convoqués à une réunion commune, l'ancienne maîtresse de ce1, le maître de ce2, la directrice, les parents des élèves concernés avec leurs enfants, mon fils et moi-même. A cette réunion, l'équipe a clairement dit que mon fils n'avait pas le comportement adapté et que moi, je le défendais. L'ancienne enseignante a dit: votre fils a forcément fait quelque chose pour déclencher cela, les enfants ont dit oui. J'ai donc demandé: quoi ? Ils ont répondu "ben tel enfant a dit :venez, on va le taper et donc on est allés le taper"; la directrice a coupé court en me faisant passer pour une mère trop protectrice. Le papa de l'enfant concerné (soit dit en passant, ce même papa a déjà frappé mon fils au visage lors d'un spectacle scolaire ce qui m'avait conduit à porter plainte) a dit que je devais me faire suivre car c'était mon fils qui harcelait le sien et non l'inverse. Je me faisais alpaguer tous les jours devant l'école par parents ou enseignants, car mon fils avait soit frappé, ou insulté... Mais personne ne le défendait, donc il se défendait lui-même et en venait même à ne plus rien supporter et se battre avec d'autres enfants pour des broutilles tellement il était irritable. J'en suis venue à ne plus sortir de ma voiture pour éviter de voir les parents ou les enseignants.
A la suite de tout cela, mon fils a fait des crises de plus en plus ingérables, au point de se mettre au milieu de la route au moment d'aller à l'école, car il préférait mourir. Je l'ai fait hospitaliser quelques jours.
A partir de là, je redemande une dérogation, pour l'année suivante. La directrice fait le même barrage, dérogation refusée. Je prends contact avec l inspectrice avec appui du psy scolaire, elle me dit qu'elle prendra une décision pendant les vacances. Le vendredi précédent la rentrée scolaire, la directrice m'appelle, avec un air jubilatoire: l'inspectrice a confirmé le refus de changement d'école et mon fils fera donc sa rentrée le lundi dans sa classe à elle, comme ça elle pourra lui serrer la vice.
Hors de question, je contacte le médecin traitant, son pédiatre spécialisé en trouble des apprentissages et je demande des certificats prouvant son mal-être, je prends rdv avec le maire de la ville. Le lundi, mon fils était absent pour la rentrée car il était hors de question qu'il remette les pieds dans cette école qui le détruisait;j'apporte donc le certificat médical d'une semaine à la directrice, qui n'a pas apprécié. Mercredi, rdv avec le maire, qui a commencé à me dire que le choix revenait aux directrices. Je l'ai donc menacé d'appeler les médias car il ne peut pas tolérer de tels agissements dans ses écoles. Il a donc contacté l'inspectrice lui parlant donc de son tdah, le harcèlement, sa reconnaissance handicap, les certificats de l'hôpital et différents médecins parlant d'un état psychologique déplorable... Elle a dit que la directrice ne lui avait pas du tout parlé de tout ça, et pas exposé la situation sous cet angle, et a donc accepté le changement d'école. Nous sommes alors allés chercher le certificat de radiation à l'école; la directrice a dit à mon fils avec un regard méchant "j'espère que ça se passera bien dans ta nouvelle école car ce n'est pas du tout un problème d'école" sous-entendu que le problème c'était lui.
Il ne faut pas perdre espoir, certaines équipes enseignantes sont formidables et l'appui des professionnels qui suivent vos enfants est indispensable.
Le lundi suivant, il faisait donc sa rentrée dans sa nouvelle école. Il a été accueilli par une équipe très bienveillante et accueillante.
Aujourd'hui, il finit son année de CM1, bien mieux dans sa peau et apaisé. Ses troubles sont évidement toujours présents, mais gérés avec professionnalisme et bienveillance. Il a quelques conflits avec certains élèves, car très impulsif, et encore fragile de son passif.
Sa maîtresse actuelle m'a dit que le changement d'école lui avait été très bénéfique car elle l'a vu évoluer très positivement tout au long de l'année. Ils ne sont pas inquiets de son comportement et de son avenir. Il est très bien intégré et a beaucoup de copains.
Tandis que dans son ancienne école, ces mêmes enfants ont déjà trouvé une nouvelle victime, et que d'autres parents se plaignent de harcèlement. La directrice continue de dire qu'il n'y a pas de harcèlement dans son école et qu'il faut que les parents arrêtent de crier au harcèlement, que tout le monde s'est fait taper à l'école et qu'on en est pas mort...
Voilà pour notre vécu en quelques lignes, surtout ne lâchez rien, vos enfants ont besoin de vous. En tant que parents, on se bat contre vents et marées, mais on est les seuls à pouvoir les aider. Il ne faut pas perdre espoir, certaines équipes enseignantes sont formidables et l'appui des professionnels qui suivent vos enfants est indispensable.
Courage à tous".
Merci beaucoup pour ce témoignage tellement touchant!
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